La lutte contre les méthaniseurs continue !

13 septembre 2024
La lutte contre les méthaniseurs continue !

 

La mobilisation de nos adhérents contre le développement de la méthanisation en Bretagne se poursuit : sensibilisation du public, réponses aux consultations, contentieux, rencontre des acteurs de la filière… Et le temps passant, nos alertes se confirment.

 

Les dangers de la méthanisation

 

Le processus consiste à mettre de la matière organique dans une cuve, appelée digesteur ou méthaniseur, en absence d'oxygène et en présence de bactéries, le tout à des températures qui n’excèdent pas 60°C. A la sortie, on récupère du méthane et un digestat : les résidus de la matière organique. Vendue comme une façon de valoriser la matière organique résiduelle - comme le fumier, les boues, les restes alimentaires - en la transformant en biogaz, la méthanisation cache en réalité de nombreux dangers. Parmi eux :

 

  • les fuites inévitables de méthane et de protoxyde d’azote, gaz au pouvoir de réchauffement respectivement 83 et 300 fois plus élevés que celui du CO2 ;
  • des accidents d’usines de méthanisation, dont le nombre est en constante augmentation (on en dénombre aujourd’hui 587) et qui menacent la ressource en eau. On peut notamment citer l’accident de Châteaulin en 2022 qui a privé 180 000 foyers d’eau potable ;
  • l’épandage des digestats, dont la concentration très élevée en azote contribue à la pollution des rivières et à la prolifération d’algues vertes.

 

Le sujet préoccupe particulièrement en Bretagne car, avec 266 méthaniseurs en fonctionnement, c’est la région ayant le plus d’installations au km² et par habitant. Pour en savoir plus sur les véritables conséquences de ce secteur en pleine expansion, nous avons produit un Vrai/Faux, disponible en téléchargement à la fin de cet article.

 

Des nouvelles de la mobilisation

 

Les 7 et 8 septembre, des membres de notre association se sont rendus à la foire écologique Biozone, dans les Côtes d’Armor, pour parler des enjeux de l’eau en Bretagne et notamment de méthanisation. D’autres collectifs étaient présents à Biozone pour alerter sur ce sujet, comme le Collection National Vigilance Méthanisation (CNVM), Stop Méthane Plouha, Transparence Chapelle-Neuve et Logebeg Degaz. « Nous avons rencontré beaucoup de monde à Biozone, la plupart défavorables à la méthanisation mais souvent mal informés sur le sujet. Les gens étaient, en particulier, choqués d’apprendre que l’injection du méthane dans le réseau de gaz en France nécessite plus d'un milliard d’euros d'argent public sur l'année pour être rentable », rapporte Jean-Pierre Le Lan, administrateur à Eau et Rivières de Bretagne.

 

Au niveau national, un nouveau rapport ministériel "Bouclage Biomasse : enjeux et orientations" de juillet 2024 pointe le risque de déficit de biomasse disponible en 2030 en France pour faire face aux besoins multiples croissants. Il affirme en particulier : « La production de biométhane, brûlé ou injecté, augmente rapidement… dépassant les objectifs PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie) de 2023, mais très loin de la nouvelle cible 2030… qui paraît très ambitieuse alors que le rythme d’installations ralentit ». Par ailleurs, les dérives actuelles sont enfin mises en lumière : après la Région Normandie en début d’année, c’est au tour du Ministère de l’Agriculture de pointer les infractions sur les apports d’intrants issus de cultures alimentaires dans les méthaniseurs (normalement limités à 15 %). Et il semble vouloir intensifier les contrôles selon un article paru dans la Tribune le 29 juillet...  À suivre !

 

Des pratiques non respectueuses du vivant

 

Les concertations et informations sur les demandes de projets de méthaniseurs sont souvent insuffisantes voire inexistantes. C’est par exemple, le cas du méthaniseur du GAEC LOMBART, situé au lieu-dit Lochrist à Inguiniel, autorisé en 2020 et construit en 2022, qui n’avait pas fait l’objet d’une concertation avec les habitants vivant à proximité. Il respectait alors la distance légale de 50 mètres pour les habitations voisines, mais la loi ayant modifié, au 1er janvier 2023, cette distance à 200 mètres, 13 habitants se trouvent maintenant à moins de 200 mètres du méthaniseur. Les riverains trop proches s’exposent à des pollutions aux particules, auditive et olfactive. Le GAEC vient de faire une demande d’utilisation de nouveaux intrants, à savoir des sous produits animaux issus d’un abattoir de volailles. Ces intrants nécessitent, selon les préconisations européennes, la mise en place d’une hygiénisation à 70°C pendant une heure, sans quoi ils peuvent disperser des agents pathogènes. Or le GAEC a demandé une dérogation au motif que « la méthanisation réduit les germes pathogènes et les graines d’adventices ». Mais réduire n’est pas détruire et « la méthanisation n’est pas une solution sanitaire », comme le rappelle Anne-Marie Pourcher, chercheuse à l’Inrae. De plus, il est proposé à d’autres exploitations agricoles de répandre sur leurs sols, le digestat produit par le méthaniseur. Toutefois, aucun plan d’épandage des exploitations susceptibles de s’approvisionner en digestat n’a été réalisé, alors que de nombreux terrains environnants sont concernés par un arrêté de protection de la mulette perlière (un bivavle d’eau douce en danger de disparition) qui interdit l’utilisation de fertilisants. Nous avons donc répondu à la consultation publique du GAEC LOMBART en demandant à ce que la dérogation d’hygiénisation des intrants ne soit pas accordée et que les plans d’épandages soient connus et tiennent compte de cet arrêté.

 

Une audience encourageante !

 

Le 12 septembre, Eau et Rivières de Bretagne et Bretagne Vivante ont été entendues par les juges de la Cour administrative d'appel de Nantes concernant le contentieux qu'elles ont initié contre le projet de méthaniseur BIOMETHANE, à Guiscriff. Au-delà d'une prolifération toujours plus inquiétante des méthaniseurs sur le territoire breton, nos associations dénonçaient la qualité d'un dossier extrêmement laconique, et en tout état de cause insuffisant au regard de la sensibilité environnementale du milieu, abritant un certain nombre d'espèces protégées, ainsi qu'une zone humide sur le terrain d'assiette du projet. La demande d'enregistrement du projet qui avait été délivrée devait donc, selon nous, être instruite au regard de la procédure d'évaluation environnementale, nécessitant une appréhension beaucoup plus exhaustive de ces considérations. La Cour rendra public son délibéré à compter du 1er octobre prochain, date que nous attendons avec impatience.

 

Ressources

 

Flyer methanisation Vrai Faux.pdf

 

Replay du webinaire « Méthanisation, parlons-en ! »

 

Avis ERB Consultation publique GAEC LOMBART.pdf

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